Ça peut sonner un peu mystique, mais j’ai vécu de nombreuses émotions en Jordanie. Le fait de partir toute seule, bien qu’en groupe, m’a remué plus que je ne le croyais. Marcher dans les pas de personnages symboliques, un peu comme si je traversais les pages d’un livre d’histoire, a porté mes réflexions à un autre niveau. Grâce à mon célèbre vertige, qui ne veut décidément rien savoir même si je tente de le régler de toutes sortes de façons, le tour de montgolfière a aussi été quelque chose. Bref, ce périple m’a non seulement permis de voir et de vivre de magnifiques expériences, mais m’a aussi accordé une belle introspection.
Lorsqu’on a quitté Petra, c’est vers le désert qu’on s’est dirigé. Le Wadi Rum. Je dois avouer qu’il ne correspondait pas à l’image que j’avais en tête avec des dunes à perte de vue. C’est plutôt une vallée creusée dans le grès et le granit, formant de monumentaux escarpements rocheux aux formes inouïes. Arrivés au camp, on a la surprise d’y trouver un bivouac des plus évolués. Notre tente bédouine, si on peut encore l’appeler comme ça, possède une salle de bain dernier cri, douche à eau chaude incluse. Ce beau moderniste n’empêche pas qu’il y fasse chaud à en crever, si bien que j’envisage sérieusement de prendre plus tard mon drap et mon oreiller pour dormir à la belle étoile.
On a d’abord visité le terrain, bien assis dans les boîtes arrière des camions qui nous ont trimbalés d’un lieu à un autre. On a vu des inscriptions nabatéennes datant de plusieurs centaines d’années. Des versets du Coran sculptés dans le roc. Le visage de Lawrence d’Arabie gravé à sa mémoire, pour le meilleur et pour le pire. Et on s’est chicané avec une famille de bavards, alors qu’on tentait de profiter du coucher du soleil en silence. Pas de chance pour nous, il semblerait que le désert, «it’s not a librairy».
De retour au camp pour le souper, un délicieux repas d’agneau cuit pendant de longues heures directement dans le sable. Tout simplement magique. La soirée le fut aussi. Alors que le DJ enchaînait toutes les versions possibles et inimaginables de Despacito, notre groupe a fui cette horreur pour aller se réfugier plus loin, au milieu de nulle part. Marcher dans le désert la nuit est vraiment une expérience à essayer une fois dans sa vie. Avec pour seule lumière l’éclat des étoiles et de la lune, on se sent à la fois bien seul et faisant partie d’un grand tout. Couché par terre, l’espace nous semble infini, sans limites pour nous contraindre. Ajoutez à ça un feu de bois, un thé à la sauge et on vient de se réconcilier avec le Wadi Rum.
Quelques heures plus tard, c’est bien installé dans le panier de la seule montgolfière du désert qu’on assiste au lever du soleil. À 3000 pieds dans les airs, la vue est époustouflante. Et moi j’ai peur. Mais mes camarades m’encouragent et je réussis à en profiter. J’ai seulement eu un moment d’hésitation quand le pilote a dû s’y prendre à deux fois pour atterrir, entre deux poteaux chargés de fils électriques. Comme s’il n’y avait pas assez de place dans le désert pour atterrir ailleurs. Mais j’imagine bien qu’on ne conduit pas cet engin comme on le fait avec une voiture. Comme l’a dit l’une des membres de mon groupe, je suis quand même bien contente de n’avoir pas fini en kebab grillé!
Puis direction la Dead Sea. Frontière avec Israël, c’est le point le plus bas de la terre. L’eau est tellement salée que rien n’y vit. Et impossible d’y nager ou plonger. On flotte. On s’enduit de boue puante. On reflotte. Et on a maintenant la peau douce.
Le lendemain, le périple tire à sa fin. Avant de retourner à Amman, nous nous sommes arrêtés à Béthanie, près du Jourdain, là où Jésus aurait supposément été baptisé. Le fleuve doit faire au maximum 3 mètres de large. On pourrait serrer la main des Israéliens de l’autre côté. Fascinant de voir à quel point les choses peuvent être différentes d’un pays à un autre, même d’aussi près. Côté Jordanie, une pseudo cabane en bois bancale avec notre groupe comme seuls visiteurs. Côté Israël, un complexe moderne, fleuri, magnifique, avec un groupe entonnant divers chants et des centaines de gens faisant la queue pour recevoir le sacrement et l’honneur de se faire immerger par trois fois dans les eaux grisâtres.
Enfin, nous sommes de retour dans la circulation infernale de la métropole avant de prendre un dernier repas tous ensemble. D’ici quelques heures, notre groupe se séparera, qui prend l’avion dès maintenant ou le lendemain pour certains d’entre nous. La Jordanie s’est découverte à travers une exploration fascinante. Au coeur d’un environnement en guerre, ce petit pays et ses habitants méritent sans contredit le détour. Et je suis bien contente d’y avoir posé les pieds.
C’est donc la fin des aventures de Mercantile en Jordanie. Merci encore de nous avoir suivis. Vous avez des suggestions pour la prochaine? On attend vos recommandations ! À bientôt!