Ça nous aura pris 6 heures pour parcourir 20 km. Quand on est partis de l’hôtel, situé au centre-ville de La Paz, on n’aurait jamais cru que dans les heures suivantes, on tenterait par tous les moyens de sortir de la ville, paralysée par une grève qui coupait complètement la circulation dans l’Alto.
L’Alto, c’est le haut des falaises de La Paz. C’est là que s’installent les populations les plus vulnérables. Parce qu’il n’y a plus de place dans la vallée. C’est immense. C’est froid. Plus d’un million de personnes y habitent. Et c’est plus ou moins recommandé de s’y promener.
Manque de chance, c’est par là qu’on devait passer pour rejoindre la frontière avec le Pérou.
On a d’abord tenté de prendre la route principale. Impossible. Les gens s’assoient dans la rue pour empêcher les voitures de passer.
On a essayé les petites rues. Après avoir monté péniblement une côte à disons 70 degrés (non, ce n’est pas la peur qui parle), il a fallu sortir du bus. Car c’était impossible de tourner le coin. Impossible aussi de reculer tout droit, quitte à basculer dans le vide.
On a finalement réussi à monter jusqu’en haut. Passé à travers des gués. Traversé de petites rues étroites. Arrêté parce qu’une grosse pierre était coincée entre les deux roues arrières. Reculé parce qu’une autre voiture arrivait dans le sens contraire. Reculé parce que la rue était bloquée par des gros cailloux placés là par les grévistes. Reculé parce que la rue s’arrêtait là.
Croisé une meute de chiens.
Tenté de pourparler avec les grévistes qui se sont mis à lancer des cailloux sur les voitures.
Il s’est mis à pleuvoir. Puis à grêler.
On a finalement réussi à sortir de là, en passant par les champs. Pour finalement rester coincé sur un talus, au milieu de nulle part.
Il y avait des champs en labour tout autour. Quand je suis allée faire pipi, j’ai vu un crâne de quelque chose.
Un gros autobus est arrivé. Ils avaient une pelle et une pioche. Notre autobus a finalement réussi à passer.
On a continué dans les champs. On a croisé un tracteur. Passé sous un fil électrique de justesse. Traversé deux petits ponts à peine plus larges que les roues.
On a enfin atteint la grande route.
Bolivie, tu nous en fais voir de toutes tes couleurs.










